j'espere que ce n'est pas trop tard, voila mon dernier article, snif snif..
Il fait chaud et humide. Tout autour de moi une végétation dense, qui recouvre tout, les collines, les pistes et passe au-dessus des nombreux cours d’eau. Des arbres géants, des fougères, des bananiers. Quelques gamins cireurs de chaussures s’affairent et se battent autour de notre groupe pour gagner une poignée de bolivianos. Je suis bien arrivé en Bolivie, à la frontière de l’Amazonie. Si loin de Boulogne…
Mon guide, Dang, me tire de ma rêverie en m’obligeant à monter dans le bus qui nous emmènera au cœur de la forêt. Le véhicule est bondé.
-« Mais il n’y a plus de place ! On ne pourra jamais tous rentrer ! »
Il ne me laisse pas le choix et m’explique qu’ici, ce n’est pas un problème. Il y a toujours plus de gens qu’il n’y a de places. Après quelques hésitations, quelques coups de coudes, on arrive à s’asseoir. Même si les bagages sont montés sur le toit, on continue à étouffer et le perroquet perché sur l’épaule de mon voisin ne me rassure pas, ni les poules qui se promènent entre les fauteuils. Enfin on démarre ! Le paysage est superbe, le bus est en parfait état, mais la route mériterait une rénovation. Au bout d’un moment, mon voisin se retourne vers moi et m’adresse la parole dans une langue qui m’est inconnu. Après avoir appelé mon guide à la rescousse, celui se révèle parler quechua. En fait, me dit Dang, il y a trois types de langues en Bolivie : l’espagnol, le quechua mais aussi l’aymara. Mon voisin me propose donc des feuilles de coca. Cette plante à propriété médicinale est en effet une des principales productions du pays. Mais connaissant son rôle majeur dans la production de stupéfiants, je préfère refuser l’invitation pour ne pas avoir de problèmes à la douane. Devant mon regard, l’homme se met à rire et m’explique qu’il me propose un « maté de coca », c’est-à-dire une simple infusion. Dans ce cas, pas de raison de refuser.
Quelques heures plus tard, nous avons acheté, mon guide et moi, une pirogue pour descendre un courant au cœur de l’Amazonie : le Rio Serpent ! Et là, surprise, voilà que l’aventure se présente sous la forme d’un immense alligator de près de 3 mètres de long. Je fais alors un bond en l’air, manquant de tomber dans l’eau mais mon guide se hâte de me rassurer : ils ne sont pas dangereux pour l’homme, ce sont les caïmans qui le sont. Peut-être, n’empêche qu’il reste impressionnant ! L’eau est pleine d’animaux étranges comme le plus gros rongeur du monde, le capybara, une sorte de grosse marmotte. Il y a même un anaconda, qui hypnotise ses proies avant de les étouffer. Et puis il y a des oiseaux partout, des perroquets, des martins-pêcheurs, des vautours et des aigles. Enfin, juste avant la pause déjeuner, nous apercevons des dauphins d’eau douce rose (si si) qui font des bonds autour de nous.
Nos accostons alors à une rive et mon guide sort de son sac le pique-nique. Au menu, de la nourriture typique de la région, pommes de terre, langue de bœuf, farine de manioc et un autre maté de coca pour la route ! Nous quittons la rivière pour nous plonger dans la jungle, armés de nos machettes. Là, première désillusion : la forêt n’est pas aussi touffue que cela et je ne vois pas les félins que l’on m’avait promis. Surtout que nous sommes prêt de machines qui arrachent avec beaucoup de bruits des dizaines et des centaines d’arbres. Dang me dit que l’Amazonie fait plus de dix fois la France et que c’est plus un immense marécage qu’une forêt dense. Le problème est que le tiers de la forêt a disparut du fait de la construction d’autoroutes, par le Brésil par exemple, ou du fait des industries du pétrole. Ces mêmes industries ont presque créé des forêts de pylônes. Mon guide semble être habitué par ces machines et veut s’enfoncer plus profond dans l’Amazonie.
Nous marchons alors pendant longtemps et croisons quelques animaux comme un tapir ou un singe hurleur qui tente par ses cris de nous éloigner de son territoire. La nuit finit par tomber, et nous installons entre les arbres des hamacs où nous pourrons dormir en toute tranquillité, loin des bêtes rampantes. Enfin, je l’espère…
Les étoiles commencent à apparaître et, mon guide ronflant à côté de moi, je regarde mon agenda et soupir : peut-être aurais-je le temps de revenir à temps à Boulogne pour la fête de fin d’année… Car, pour moi, l’aventure se finit là.
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) de cette rubrique, bravo encore martin!!