Voilà comme prévu...
Et le vote blanc dans tout ça ? -Ela Barda TS2
Aucun des candidats présents à l’élection présidentielle ne vous satisfait ? Vous ne vous reconnaissez dans aucun des programmes ? Pourquoi aller voter dans ce cas, vous demandez-vous ? Une clarification des termes s’impose ! Il est en effet important de rappeler la différence entre abstentionnisme, vote nul et vote blanc. Alors que le premier consiste à ne pas se présenter du tout à l’élection traduisant soit un désintérêt total soit un choix politique montrant son désaccord avec la politique en place, le vote nul correspond à un bulletin déchiré ou annoté qui n’est pas pris en compte lors du dépouillement. Il peut être « accidentel » (ex : l’électeur met deux bulletins dans l’enveloppe sans faire exprès) ou intentionnel (manifester son opposition aux différents candidats et programmes présentés). Le vote blanc, enfin, consiste à glisser dans l’urne, un bulletin blanc ne contenant le nom d’aucun candidat ni aucune annotation. Ce type de vote est « pensé » et témoigne d’une contestation de l’offre politique sans remettre en cause la procédure électorale et le vote démocratique. En votant blanc, l'électeur manifeste son attachement à l'élection, contrairement aux abstentionnistes donc, tout en refusant de soutenir tel ou tel candidat.
Longtemps mis dans le même sac que les votes nuls, les votes blancs sont, depuis l’adoption par le Sénat en 2003 d’une proposition de loi, décomptés séparément des votes nuls. Cependant ils ne sont toujours pas comptabilisés en tant que suffrage exprimé : ainsi lors du deuxième tour de la présidentielle en 2002, les pourcentages accordés (82%-18%) ne contenaient pas le taux de votes blancs et nuls.
Actuellement, la reconnaissance du vote blanc comme suffrage exprimé fait office d’un grand débat : le Parti Blanc, présidé par Mehdi Giraud (dont le seul programme consiste à se désister à un éventuel second tour, réclamant par là de nouvelles élections avec de nouveaux candidats), la définit comme synonyme d’un progrès de la démocratie puisqu’elle garantit le « respect à tous les électeurs ». Ce dernier affirme par ailleurs que la reconnaissance du vote blanc empêcherait le vote par défaut et par là l’élection d’un candidat par défaut : « Vote-t-on pour quelqu'un ou contre quelqu'un d'autres ? On gagnerait en clarté si voter pour quelqu'un signifiait simplement être en accord avec ses idées, le vote blanc devenant un moyen officiel d'exprimer sa contestation».
On peut, par ailleurs, supposer que la reconnaissance du vote blanc en tant que suffrage exprimé diminuerait le taux d’abstentionnistes puisque grâce à la considération de ceux-ci, leur « voix de contestation » serait ainsi prise en compte… Une diminution des voix accordés aux extrémismes serait également à prévoir, puisque l’électeur pourra attirer légitimement l’attention des politiciens sur la crise offre-demande sans passer par le risque des extrêmes. Ainsi, Le Pen aurait-il en pu accéder au second tour en 2002 si les « blancs » étaient reconnus ?
De nombreux sceptiques expriment toute fois la crainte d’une « expansion des blancs » et la possibilité de voir la montée des votes blancs s’ajouter à ceux des abstentionnistes, fragilisant encore plus les bases électorales des partis du gouvernement. Mais ceci ne permettrait-il pas justement de connaître la légitimité réelle des élus ? Est-il constructif de s'appuyer sur des chiffres virtuels, et d'être toujours élu à 51% quand peut-être 30 ou 40 % des électeurs vous suivent ? Cette reconnaissance forcerait au moins les élus à prendre en compte la part de contestataire et de former un gouvernement en fonction de celle-ci.
Notons qu’actuellement le seul pays à avoir reconnu le vote blanc demeure la Suède. En France, hormis le parti blanc, l’UDF se déclare en faveur de la reconnaissance : François Bayrou affirme ainsi que « les blancs ne sont pas des nuls » et qu’il est nécessaire de les reconnaître à condition de rendre le vote obligatoire. D’où un nouveau débat : Le vote est-il avant tout un droit ou un devoir ? Dans le premier cas, en effet, mettre en place une sanction pour obliger à voter ne serait-il pas remettre en cause le principe de la démocratie, ainsi que la liberté individuelle de chacun ?
Le débat est donc loin d’être clos, du moins jusqu’à l’apparition d’un prochain vote électronique, où la question ne se posera plus : elle ne consistera plus qu’alors à se décider à y inclure la touche « blanc » ou pas…